Hélène de Beauvoir, Artiste et femme engagée

À l’occasion de ses dix ans, le Musée Würth, situé au sud
de Strasbourg, organise, du 30 janvier au 9 septembre 2018,
la première rétrospective muséale de plus d’une centaine
d’œuvres peintures et gravures de l’artiste peintre
Hélène de Beauvoir, sœur cadette de Simone de Beauvoir.

C’est dans l’air du temps, après l’exposition,
Women House à la Monnaie de Paris,
suite à l‘exposition du ZKM de Karlsruhe sur
l‘Avant Garde Féministe des années 70,
les artistes femmes utilisent leur corps comme
une surface de projection pour les codes sociaux
et leur critique. Utilisant de nouveaux médias comme
la photographie, le cinéma et la vidéo, ainsi que des
performances et des événements, les artistes déconstruisent
le conditionnement culturel et social restrictif existant,
les mécanismes et les automatismes qui tentent de
supprimer les femmes artistes.
Pour la première fois dans l’histoire de l’art, des artistes féminines
ont pris ensemble la «représentation des femmes»
dans les arts visuels, en développant
une multitude d’identités féminines autodéterminées:
provocantes et radicales, poétiques et ironiques.
L’exposition consacrée à Hélène de Beauvoir (1910-2001),
met en lumière le travail artistique méconnu
(j’ignorai son existence) d’une peintre
de la même période, ayant su faire une synthèse entre les
influences du cubisme, de l’orphisme et du futurisme.
J’y vois aussi une parenté avec les expressionnistes allemands.
Le parcours retrace la carrière de l’artiste à travers de grandes
thématiques qui révèlent ses recherches picturales, telles
que la fragmentation de la forme par la lumière, la décomposition
du mouvement ou encore la simplification de la ligne de contour.
Ces expériences l’amèneront à développer un langage singulier
mêlant abstraction et figuration. L’exposition évoque aussi
les engagements moraux d’Hélène de Beauvoir :
dans ses tableaux féministes, elle dénonce la souffrance des
femmes ; dans ses œuvres aux sujets politiques, elle décrit
les révoltes étudiantes de Mai 1968, les atteintes à l’environnement
ou encore l’hypocrisie morale et l’oppression.
Hélène de Beauvoir a pendant longtemps été dans l’ombre
de sa sœur aînée, la célèbre femme de lettres Simone de Beauvoir.

Elle eut pourtant une vie entièrement dédiée à la peinture et la gravure,
laissant dernière elle quelque 3 000 œuvres :
peintures à l’huile, à l’acrylique, aquarelles, gravures, dessins et collages.
Ayant successivement vécu au Portugal, en Autriche, en Serbie,
au Maroc et en Italie, elle s’installa avec son mari, Lionel de Roulet,
en Alsace au début des années 1960, d’abord à Scharrachbergheim,
puis de manière définitive dans le village de Goxwiller,

où Hélène de Beauvoir travailla ardemment pendant presque 40 ans.
Cette grande voyageuse sut s’attacher profondément à l’Alsace,
ce qui conforte le Musée Würth dans sa volonté de proposer
une exposition rétrospective en sa mémoire.
Les années parisiennes du quartier Montparnasse
Attirée dès l’enfance par le dessin, Hélène de Beauvoir
se forme à l’École d’art et publicité de la rue de Fleurus
(aujourd’hui la Cinémathèque de Paris), suit des cours
du soir et visite assidûment le musée du Louvre.

Elle expérimente la gravure et la peinture, travaille chez le
maître verrier Gruber et prépare sa première exposition
personnelle à la Galerie Bonjean en 1936.
Ces années sont exaltantes. Elle profite pleinement de la vie
artistique et littéraire du quartier Montparnasse, où elle croise
Jean Giraudoux, Jean-Paul Sartre, Pablo Picasso, Georges Braque,
Oscar Wilde, etc.

La cause des femmes
Très tôt, à l’instar de sa sœur, elle s’insurge contre le
conformisme et l’ordre social de la bourgeoisie familiale
qui l’a vue naître.
Hélène et Simone, chacune à sa manière, vouent leur vie
à se libérer de cet ordre en se consacrant entièrement à la création
– l’écriture pour Simone, la peinture pour Hélène – et en imposant
ainsi une indépendance indispensable pour assumer le difficile
statut de la femme artiste.

Une terre d’adoption : l’Alsace
En 1960, elle s’installe en Alsace avec son mari Lionel de Roulet,
ancien élève de Sartre, à Goxwiller, où elle travaille sans
relâche dans son atelier pendant quarante ans.
Elle tissera des liens forts avec cette nouvelle région d’adoption.
Très tôt d’ailleurs, elle soutient l’association
SOS – Femmes solidarité – Centre Flora Tristan
(petit fils Paul Gauguin)–
à Strasbourg,
dont elle sera la première présidente.

L’exposition du Musée Würth
L’exposition organisée par le Musée Würth retrace les principales
périodes de la vie d’Hélène de Beauvoir reflétant ses combats
et ses engagements en faveur des femmes. Cette rétrospective
se scinde en six sections :

– la cause des femmes et les problématiques sociétales
et environnementales ;
– mai 1968, avec la série « Un joli mois de mai » ;
– les périodes marocaine et vénitienne ;
– les skieurs ;
– les gravures ;
– sa cosmognonie personnelle.

L’œuvre d’Hélène de Beauvoir a été exposée au cours
de sa vie dans de nombreuses galeries à travers le monde,
au Japon, aux États-Unis, au Mexique, en Allemagne,
en Italie, en France, etc.
C’est en Alsace, au Musée Würth, qu’est organisée la première rétrospective muséale rendant hommage à cette femme au destin extraordinaire.
Pratique
Musée Würth France Erstein
Z.I Ouest
Rue Georges Besse
F-67150 ERSTEIN
Tél : +33 (0)3 88 64 74 84

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

3 réflexions sur « Hélène de Beauvoir, Artiste et femme engagée »

  1. Merci pour cette découverte d’Hélene de Beauvoir. La cause des femmes est un sujet dont je parle dans mon travail aussi et cette découverte m’intéresse d’autant. Petit partage, plasticienne engagée pour le 8 mars 2018 et 2019. J’ai pu travailler avec un public de jeunes lycéens et leur présenter une série de dessins intitulée « This Is Not Consent » …A découvrir : https://1011-art.blogspot.com/p/thisisnotconsent.html

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