Frank Morzuch D.I.C.I.A.L.A

Né en 1951 à Saverne, Frank Morzuch vit et travaille à Faucogney et La Mer (70).  IL explore des questions liées à la nature et à ses représentations dans notre société ultra-médiatisée où tout est transformé en message univoque. Ses propositions présentent une intrication subtile de la matière et de la lumière, associant des matériaux naturels tels que le bois, les cailloux, à des dispositifs électriques et magnétiques.

Frank Morzuch

Pour Frank Morzuch, l’esthétique n’est pas suffisante. Dans son travail s’opère une forme de processus d’investigation du paysage, qu’il soit réel ou figuré. Depuis de nombreuses années, il mène une recherche importante autour de l’oeuvre gravée de Dürer, principalement les quatre gravures « Melencolia », recherche qui l’a rendu célèbre à travers plusieurs expositions et ouvrages s’y attenant. Lors de ces interventions, Frank Morzuch n’est pas un géomètre ordinaire. Sa démarche tient en partie du baroque par l’emploi du trompe l’oeil. Conscient de ce qu’il produit, il précise qu’il tente de
« rapprocher le virtuel du réel jusqu’à se qu’il se superpose effectivement à la réalité du lieu ».
Frank Morzuch

Parce qu’elles convoquent l’inattendu et qu’elles choisissent délibérément le parti pris de la précarité, les installations de Frank Morzuch sont en soi un événement. Une extrême économie de moyens doublée d’une précision quasi numérique confère à ces dispositifs une grande efficacité qui les situent à la confluence des arts technologiques et d’une pratique cinétique singulièrement archaïque.
Frank Morzuch

C’est dans l’approche physique et mentale d’un espace soustrait au temps profane (tant par la surprise qu’entraîne cette irruption, que par le choc qu’elle suscite) que se situe ce projet. Il invite le visiteur à traverser l’oeuvre et l’incite à un retour sur lui-même par une sorte d’accélération temporelle où une ampoule électrique se substitue à la mécanique céleste. Toute l’installation s’appuie sur un principe numérique où quatre carrés chiffrés dessinent un diagramme que nous révèle le balayage lumineux d’une ampoule en rotation au dessus d’un réseau dense de petits cailloux gris et blancs. L’ombre mouvante agit comme un pinceau de calligraphe. Ce constant va et vient, fait de furtives disparitions et de non moins furtives apparitions, finit par matérialiser une grille sur laquelle s’imprime une rose des vents. Tout réside entre le dit et le non dit, à l’image de cette porte-tambour qui fait sas entre le visible et l’invisible en proposant au visiteur une halte méditative autour du chiffre quatre et de ses prolongements symboliques sur lesquels se fondent la « Melencolia » de Dürer. » (conférence donnée le 23 janvier 2013)
texte Frank Morzuch.
 
Frank Morzuch

 
En gestation depuis plus de 10 ans, l’exposition D.I.C.I.A.L.A est polymorphe et s’adapte aux différents lieux qu’elle habite. Cela s’explique par le fait qu’elle retrace un parcours passant d’une pratique cinétique, singulière et primitive, souvent apparentée au Land Art et qui rejoint une pratique artistique plus conceptuelle qui fait d’un vol de tourterelles un crible apte à décoder la grille du sudoku. Cet extrait rétrospectif du travail de Frank Morzuch est composée d’expositions, mais également d’une sorte de « récit/catalogue » illustré, où images et textes, loin de se soutenir l’un ou l’autre, se complètent, dans un processus logique, D.I.C.I.A.L.A. L’ouvrage n’est pas un simple catalogue qui présenterait les oeuvres de l’artiste. C’est à vrai dire un récit, le récit de sa démarche, de son questionnement personnel, une visite de cet univers intérieur vertigineux que Frank Morzuch ne cesse d’explorer. On y apprend comment il
« rencontra »

Dürer, comment il en vint à s’intéresser à sa « Melencolia » et aux nombres qui régentent l’espace. Ce livre vient en introduction à « l’affaire Dürer » à paraître chez Flammarion en 2013. Souvent apparenté au Land Art pour son usage du paysage et des matériaux naturels tels que des branches ou des cailloux, l’art de Frank Morzuch y mèle également nombres de nouvelles technologies et de matières bien moins terre-à-terre, afin de passer indifféremment des mathématiques à la poésie et de l’art aux sciences :
 
L’exposition présentée  (<voir la vidéo – allez directement sous Frank Morzuch)
à l’Espace Lézard  jusqu’au 23 février 2013
 propose au public des photographies – qu’il nomme plus spontanément « sculptures » – de ses travaux in situ. Cette exposition propose également une installation vidéo, pour laquelle notre lieu d’exposition devient une oeuvre d’art.
autres photos de Frank Morzuch
1/3/4 de l’auteur