Le chemin de croix de Jean François Mattauer

jfm.1284672056.jpg Bien connu des lecteurs du journal l’Alsace où il livre chaque jour son regard sur l’actualité, Jean-François Mattauer, aux talents multiples est aussi un peintre d’une grande personnalité. Originaire de Sentheim, il a réalisé un chemin de croix sortant de l’ordinaire où l’on reconnaît son trait empreint de finesse et d’humanité.
C’est une lettre de son ami JG Samacoïtz qui s’alarmait du fait que le chemin de croix de la paroisse de Sentheim avait disparu, n’était plus que des images effacées par le temps. Il lui suggérait d’en peindre un nouveau de manière contemporaine, mais en y joignant une liste descriptive des 14 stations, une commande amicale en quelque sorte.
Pour JFM peindre un chemin de croix, résonnait pour lui, comme pour composer un Requiem, c’est à dire une œuvre de fin de vie.
Cela prit 4 ans de gestation à l’artiste. Pourtant l’idée mûrissait quelque part dans sa tête.
C’est à la vue d’un autre chemin de croix, réalisé par un artiste bourguignon, lors d’un séjour à la Chaise Dieu dans le Cantal, qu’il décida de se mettre à la tâche.
Puis en 6 mois, elle prit forme, sous l’œil et la complicité indulgente de son épouse Colette.
Ce sera l’histoire d’un homme de chair, qui souffre sous le poids de sa lourde croix, jusqu’à en mourir. Les toiles seront bicolores. La tête du Christ a pour origine une statuette en terre glaise de Gressler, un clochard de Vieux Thann sera son modèle. Les personnages annexes seront ses copains de classe, un bel hommage à ceux qui l’ont accompagné durant son enfance et son adolescence. Ils sont tous membres fidèles de la chorale de Sentheim avec JFM.
Son choix découle du fait qu’il ne souhaitait pas tomber dans les traits d’humour, de ne pas subir la déformation de sa profession de caricaturiste, qu’il a eu recours à des portraits existants. Un autoportrait de l’artiste s’est glissé parmi les toiles, à vous de le trouver.
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Jean-François Mattauer n’a utilisé que deux teintes, le blanc de titane et l’ombre de terre brûlée, afin de révéler la souffrance du Christ. Loin de l’humour et de la caricature, Jean-François Mattauer livre une vision personnelle et contemporaine du Chemin de croix.
Il offre le chemin de croix à la paroisse de Sentheim, libre aux habitants d’acheter les toiles. Le bénéfice de la vente servira à doter l’église paroissiale de lustres qui réchaufferont l’ambiance de la nef.
L’exposition est visible actuellement au temple St Etienne, que beaucoup de touristes appellent la « cathédrale » lieu magique, aux vitraux  datant du XIVe siècle, aux stalles du XVIIe, à l’orgue du 19e. où toutes les cultures sont tolérées.
A découvrir jusqu’au 30 septembre, avant son installation à l’église de Sentheim.
photo 1 Dom Poirier

photos et diaporama de l’auteur

Antonio Segui

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Aux frontières de l’illustration et de la peinture, Antonio Segui a construit un univers burlesque, absurde, peuplé d’une multitude de personnages projetés dans une course folle. L’Espace Malraux de Colmar lui ouvre ses portes jusqu’au 24 octobre 2010.
On est d’abord surpris par un flot d’images, comme dans ces puzzles qui vous donnent la migraine, images qui sont presque à chaque fois les mêmes, tout en changeant de couleurs ou en étant bi, voir tricolore, mais rien à voir avec notre chauvinisme. Ce sont des images populaires proches du graffiti, une sorte de bande dessinée, où les personnages affluent, grouillent, un surpeuplement qui donne le tournis. Un personnage récurrent, l’homme au chapeau,img_0742.1283727794.jpg Humphrey Bogart ou Antonio dans son élégante jeunesse, il est né en 1934 en Argentine.
Ses personnages courent les uns après les autres, les uns vers les autres, s’évitent, sont en lévitation. Il y a aussi des femmes à l’aspect rude.
Sa thématique est celle de l’espace urbain, une allégorie de la société moderne.
Son univers surréaliste, un peu à la Keith Haring, dans le graphisme, nous parle de la condition humaine avec frénésie, passion, mais surtout avec humour et dérision, une naïveté picturale, un trait cernant les aplats de couleurs, sans perspective.img_0768.1283726372.jpg
De manière frontale , il raconte dans sa candeur latine le dérisoire de la vie, son absurdité, ses ambiguïtés. C’est un vrai plaisir que de se perdre dans ses fresques gigantesques, mais il ne faut pas oublier les gravures exposées dans la mezzanine, sarcastiques, tragiques, humoristiques. Il y a une série d’huiles, sur toile marouflée de papier journal, dont le cadre fait partie intégrante des natures mortes. Comme dans toute son œuvre, exposée dans le monde entier, il va à l’essentiel.
photos de l’auteur

Paysages Urbains – Robert Cahen

 
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La ville de Lille propose, à la Maison de l’architecture et de la ville, en collaboration avec la MAV et Heure Exquise, dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine :
« Paysages Urbains – Robert Cahen« 
Une exposition de vidéos de Robert Cahen, présentée à l’occasion de la restauration de l’œuvre
« L’allée de Liège », installation vidéo publique réalisée lors de la création d’Euralille.
Vingt neuf moniteurs et une caméra
Réalisée à la construction d’Euralille en 1994 dont l’urbaniste en chef était Rem Koolhaas, cette installation vidéo de Robert Cahen, restaurée aujourd’hui, fait partie des commandes d’Euralille destinées à prendre place dans l’espace public avec celles de Felice Varini et Kazuo Katase.
L’intervention de Robert Cahen sur le mur de soutènement du viaduc Le Corbusier agit comme un discret miroir sur l’espace quotidien de ce lieu de passage entre deux gares que l’on longe parfois distraitement. De tailles irrégulières, les vingt neuf écrans proposent un glissement progressif du documentaire vers la poésie avec la diffusion de cartes postales filmées et photographiées dans le monde entier associées aux images des passants captées en temps réel.
– Cartes postales vidéo – 1984-1986
Vidéo, couleur, sonore
Coréalisées avec Stéphane Huter et Alain Longuet
« Trente secondes pour rêver, la carte postale traditionnelle prend vie grâce à la vidéo. Une collection d’images immortelles du monde entier, une invitation au voyage… » (Thierry Garrel)
Une rencontre-débat
« Art urbain, art public » aura lieu le samedi 18 septembre 2010 à 17h30 à la Maison de l’architecture et de la ville,
en présence de :
Catherine CULLEN, Adjointe au Maire déléguée à la Culture,
Catherine GROUT, philosophe de l’art et professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille,
Pascal MASSON, architecte – scénographe et
Sophie TRELCAT, journaliste,
autour de l’inscription des œuvres d’art dans la ville et la notion de paysage urbain.
La conférence sera suivie d’un vernissage en présence de l’artiste
Exposition visible de l’extérieur dans le prolongement de l’Allée de Liège, dans les vitrines de la MAV du 15 au 26 septembre 2010.
une sélection de films et vidéos :
– Sanaa, passages en noir – 2007 – 7’
Rencontre inespérée entre deux cultures, ces « passages en noir » filmés à Sanaa, au Yémen, nous rappellent notre humaine condition.
Hong Kong Song – 1989, couleur – 21’
Réalisé en collaboration avec Ermeline Le Mezo.
Entre Chine ancienne et Chine nouvelle, découverte de la ville de Hong Kong à la recherche de son identité sonore.
– La Notte delle Bugie – 1993, couleur – 10’30’’
Les milliers de bougies allumées sur les quais de l’Arno à Pise,pour fêter la Saint Ranieri, deviennent l’occasion d’un portrait nocturne, insolite suspendu et magique.
– Le Deuxième Jour – 1988 – couleur – 8’
Le rythme discontinu de la musique de John Zorn conduit le montage du film en une succession de plans rapides. Une étonnante traversée de New York
tout en contraste.
– Sur le quai – 1978, 16 mm – noir et blanc – 10’
Court-métrage formé d’un plan-séquence, tourné avec une caméra à très grande vitesse montrant des voyageurs en attente sur le quai d’une gare et l’arrivée du train.
Les mouvements sont comme suspendus entre le mouvement et l’immobilité.