Armures & Robes de soirée au musée Tinguely

s-bastian.1242509711.JPGLa demeure du « métallier » éclairé Jean Tinguely ouvre ses portes à la haute école et l’extraordinaire artisanat des robustes armures en plaques, avec une exposition sur la « mode » masculine en acier pour la guerre, le tournoi et la parade. L’art du vêtement féminin moderne est représenté par des modèles du couturier Roberto Capucci, roberto-capucci.1242509357.JPGet des œuvres d’Eva Aeppli et Niki de Saint Phalle et des figurines d’Oskar Schlemmer apportent le composant existentiel à ce théâtre du monde. Tout sous le regard de divers « engins de guerre » de Tinguely, Luginbühl et Spoerri, de même la bande dessinée « Apocalypse » de M. S. Bastian – un survol de la culture, vacillement entre étonnement et parodie, frayeur et envoûtement.
La majorité des armures proviennent de l’Arsenal de Graz en Styrie, auxquelles se joint une délégation Suisse de Soleure les deux derniers arsenaux historiques d’Europe. Pour couronner ces quelques soixante armures, douze exemples d’apparat prêtés par la Hofjagd- und Rüstkammer Vienne, dialoguent avec douze robes sculptures de Roberto Capucci, couturier italien qui a souvent puisé son inspiration dans ces « robes » masculines en métal, telles une « seconde peau ».
landfraf-von-hessen.1242509601.JPGUne mise-en-scène inhabituelle transforme le musée en scène de théâtre.
L’exposition montée par l’Arsenal d’État de Graz autour des armures de Styrie, Autriche,  a été conçue de manière tout à fait nouvelle et adaptée pour la station bâloise, où les armures historiques et leur fonctionnalité technique sont mises en rapport avec des œuvres de Jean Tinguely.
L’Arsenal fut établi à l’origine comme dépôt d’armes et de matériel de guerre de l’État de Styrie face à la menace de l’Empire Ottoman. Vers le milieu du 18ème siècle, sur la demande des États, il fut décidé de maintenir l’Arsenal d’État en monument à la bravoure de la Styrie. L’Arsenal de Graz est ainsi devenu une des collections d’armures les plus imposantes et complètes au monde.ava-aeppeli.1242509488.JPG
L’exposition à Bâle ne traite pas les circonstances historiques qui ont poussé à constituer un tel dépôt de guerre à la frontière du sud-est de l’Empire Habsbourgeois au 16ème siècle pour contrer la menace ottomane. Les armures seront traitées au-delà de leur fonction initiale de protections pour le corps humain surtout comme vêtements qui, à la manière de leurs modèles en étoffe, obéissaient aussi aux courants de la mode. Il en ressort clairement combien la volonté d’esthétisme surmontait les exigences techniques tout en s’en servant. D’une part, l’armure retient son attribution fonctionnelle qui, tout en garantissant une haute protection, doit offrir à qui la revêt la mobilité ; d’autre part, plusieurs détails dont la teinte, la gravure de la surface dure de l’acier trahissent l’inspiration du modèle en étoffe. robert-capucci-2.1242510091.JPG
 Des panneaux dans l’exposition expliquent les processus du travail du métal pour une meilleure compréhension de l’art de l’armurier.
Eros et Tanatos,  opposé à l’univers male et froid de l’homme de fer, l’élément féminin, tendre et sensuel, est représenté par des modèles du couturier Florentin Roberto Capucci. Ce dernier conçoit ses robes tel des sculptures, elles se prêtent donc particulièrement à un dialogue avec des armures historiques, puisque leur douce enveloppe en étoffe correspond tout en contrastes à la dure coque en acier des armures. Cette antithèse est à la base d’un principe humain trouvé déjà dans la mythologue antique qui donnait pour époux à Vénus, la sensuelle déesse de l’amour, l’habile forgeron Vulcain – un thème repris dans de nombreux tableaux représentant Vénus dans la forge de Vulcain.
oskar-schlemmer.1242510258.JPGIl y a plus de dix ans eut lieu déjà à Vienne une exposition demeurée célèbre par l’audace de sa mise en scène qui confrontait des créations de Capucci à des armures de parade historiques. La relation entre l’éclat de l’acier poli et le drapé soyeux des robes du soir accentue dans le cas présent le caractère festif de la présentation, tout en reliant les armures aux machines fantastiques de Jean Tinguely, tel « hannibal » par leur côté fonctionnel. Ainsi, les deux rôles essentiels d’une armure, tant vêtement de parade que carapace protectrice, ouvrent une nouvelle perspective sur les arsenaux historiques, dont la Suisse aussi en possède quelques uns.
Jusqu’au 30 août 2009.
   photos de l’auteur

Auteur/autrice : elisabeth

Pêle-mêle : l'art sous toutes ses formes, les voyages, mon occupation favorite : la bulle.

11 réflexions sur « Armures & Robes de soirée au musée Tinguely »

  1. merci pour la précision, j’ai bien photgraphié les cartels, mais pour moi, les armures en dehors du côté « opérette » et de mise en valeur des robes, ne sont pas très attrayantes, ce serait plutôt un truc de garçon non ?

  2. Il y avait eu une exposition sur un thème similaire au musée des Arts décoratifs, en 2005 il me semble.
    Quand à l’armure en photo c’est une « Maximilienne », un modèle « haut de gamme » prisé au XVIe siècle.

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